(来源:Dialogue Chine-France 2023-04-10La Chine au présent 2023-03-30

赵永升

Depuis l’adoption de la Loi sur la réduction de l’inflation par le Congrès américain en ao?t 2022, l’UE et ses ?tats membres s’inquiètent du traitement ? injuste ? qui peut être réservé à leurs entreprises par les ?tats-Unis, ainsi que du départ de certaines firmes dans les branches d’industrie européennes fortement concernées. Emmanuel Macron s’est même rendu aux ?tats-Unis pour rencontrer Joe Biden, s’effor?ant de trouver les moyens d’obtenir une faveur à l’égard des secteurs et des produits fran?ais et européens. En vain, malheureusement.

 

Deux mois après son entrée en vigueur le 1er janvier 2023, les inquiétudes européennes deviennent réalité. Et c’est dans ce contexte que l’UE réfléchit à des politiques visant à assouplir les restrictions sectorielles et les facilités de financement destinées aux industries vertes afin de riposter.

 

Ces mesures européennes sont une version européenne de la Loi sur la réduction de l’inflation, somme toute, une riposte directe, passive mais résiliente. Directe, car les mesures que les Européens vont prendre sont exactement basées sur la loi américaine ; passive, car ce sont les ?tats-Unis, et non pas l’UE, qui ont pris l’initiative de promulguer cette loi ; résiliente, car malgré la prédominance des ?tats-Unis, l’UE aura elle aussi un r?le prédominant à jouer dans les industries vertes.

 

Premièrement, la version européenne de la Loi sur la réduction de l’inflation est une riposte directe contre les ?tats-Unis. Dans les faits, la loi américaine porte principalement sur l’imp?t sur les sociétés, sachant que les entreprises de grande envergure seront taxées à hauteur de 15 % d’un ? imp?t minimum sur les sociétés ? ; sur la réforme de la tarification des médicaments sur ordonnance, qui demandera à la sécurité sociale et aux centres de services médicaux de négocier les prix de ces médicaments à partir de 2026 ; et sur les programmes de crédits fiscaux et de subventions aux énergies nouvelles. Cette loi prévoit d’investir 369 milliards de dollars dans les programmes de sécurité énergétique et de changements climatiques. Dans les trois composantes de ce projet de loi américain, c’est la troisième partie qui est la plus significativement corrélée aux secteurs des véhicules à énergies nouvelles et de la protection de l’environnement.

 

Quant à l’UE qui adopte les politiques d’assouplissement des restrictions et celles de crédits fiscaux, elle répond du tac au tac aux ?tats-Unis. Bien que l’UE n’ait pas encore annoncé la totalité des crédits fiscaux, le montant européen sera grosso modo comparable au montant américain.

 

Deuxièmement, la version européenne de la Loi sur la réduction de l’inflation est une riposte passive contre les ?tats-Unis. Dans la forme, cette tension entre l’UE et les ?tats-Unis est un conflit pour la réduction d’inflation, mais dans le fond, c’est un duel dans le domaine des énergies nouvelles entre les deux c?tés de l’Atlantique. Ce combat a été d’abord déclenché par les ?tats-Unis qui visaient la Chine, et l’UE n’est donc pas la première cible. Mais l’UE s’est rapidement aper?ue qu’elle était aussi dans le collimateur des ?tats-Unis, tout comme la Chine. Conscients du fait que si la Loi sur la réduction de l’inflation entrait en vigueur, le secteur européen des énergies nouvelles serait gravement impacté, l’UE et ses ?tats membres ont vivement réagi. Malgré la passivité de l’UE dans ce combat, les réactions européennes sont actives et positives. Il en est de même pour la visite du président Macron aux ?tats-Unis : sa visite n’a pas porté ses fruits, mais la France et l’UE ont adressé à l’administration américaine un message fort.

 

Troisièmement, malgré ses aspects direct et passif, la version européenne de la Loi sur la réduction de l’inflation est une riposte résiliente de l’UE, avec quelques avantages.

Les deux avantages de la version européenne sont la culture et les traditions européennes, ainsi que la taille du marché des véhicules à énergies nouvelles et des industries vertes basées sur cette immense zone qu’est l’UE. Si l’on compare les deux c?tés de l’Atlantique avec une seule variable, à savoir la population, ceteris paribus, l’UE a une population de 500 millions d’habitants alors que les ?tats-Unis n’en ont que 330 millions. S’ajoute aussi la capacité de consommation relativement forte de l’Europe occidentale au sens large, soit l’Europe du Nord, l’Europe du Sud et une partie de l’Europe centrale. Supposons que chaque habitant achète un véhicule à énergies nouvelles, le marché de l’UE dépassera celui des ?tats-Unis de 170 millions d’unités, sachant que cela représente déjà une différence significative dans un marché de moyen et haut de gamme.

 

Quant aux marchés des industries vertes et de la protection environnementale, l’UE possède plus d’avantages que les ?tats-Unis, vu que les pays d’Europe continentale sont parmi les premiers pays qui ont préconisé et mis en pratique les concepts de vert et de protection environnementale depuis des décennies. L’Amérique du Nord a réalisé des progrès dans ces domaines, mais la société de consommation américaine a encore un long chemin à parcourir.

 

L’UE doit néanmoins faire face à certains écueils. Technologiquement parlant d’abord, les véhicules à énergies nouvelles européens sont à la tra?ne derrière les ?tats-Unis et la Chine. Ensuite, les investissements dans les véhicules à énergies nouvelles et les industries vertes ne peuvent pas encore rivaliser avec les ?tats-Unis et la Chine. Enfin, l’entité que constitue l’UE est une nouvelle forme de souveraineté qui est moins structurée et qui demande souvent plus de négociations pour arriver à une décision.

 

On peut surmonter ces trois écueils. D’abord, la taille du marché et la capacité de consommation de l’UE pourront compenser le manque d’avantages technologiques dans les énergies nouvelles. Quant au manque de capitaux, l’UE pourra recourir aux capitaux non-toxiques venant de la Chine, une grande économie émergente. Enfin, en ce qui concerne la souveraineté européenne, l’UE est en train d’avancer vers une union plus structurée et plus efficace.

 

Quant à la passivité de l’UE, c’est le cas avec la Loi de réduction de l’inflation, mais c’est aussi le cas dans d’autres domaines, notamment dans les infrastructures. L’UE projette de démarrer 70 projets de construction d’infrastructures dans des pays tiers, comme par exemple avec son programme Global Gateway, qui allouera 280 millions d’euros à l’Afrique du Sud pour la transformation de ses centrales à charbon et le développement des énergies renouvelables. C’est peu par rapport à la Chine et aux ?tats-Unis.

 

En fin de compte, l’UE a non seulement vivement réagi à la Loi américaine sur la réduction de l’inflation, mais a aussi adopté une approche ? ?il pour ?il, dent pour dent ? et va probablement prendre des mesures plus actives vis-à-vis des ?tats-Unis. ? l’opposé, l’UE et la Chine sont deux grandes économies qui peuvent collaborer dans le secteur des véhicules à énergies nouvelles et d’autres industries vertes dans le but d’assurer ensemble une croissance soutenue et de b?tir une économie verte.

 

*ZHAO YONGSHENG est professeur de finances, directeur du Centre de recherche sur l’économie fran?aise, et chercheur à l’Académie d’innovation et de gouvernance globales de l’Université de l’économie et du commerce international (UIBE).

 

  (作者系对外经济贸易大学法国经济研究中心主任、全球创新与治理研究院研究员)

 

 

附:原文链接

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http://www.chinatoday.com.cn/ctfrench/2018/gc/202303/t20230330_800327153.html